Les pérégrinations musicales et souvent marécageuses de Pêrig Mahet
Contact: perigstyle@free.fr

Retrouvailles 4

Le Pays Bleu
(Avec Antoine Boulanger, Dan Rabateaud,Jean-Luc Vitrant…)
1-A fleur de peau (
Dan Rabateaud) 3:18
2-Jour ordinaire aux Brugassières
(P. Mahet) 2:42
3-Le Pays bleu
(P. Mahet/ P.Decerf) 3:10
4-La nuit s’écroule sur la grève…
(A. Boulanger) 2:57
5-Samba Bleue
(Trad/ Arrgt. Dan Rabateaud) 1:39
6-Quand un bateau
(A. Boulanger) 5:40
7-Chemin dominant
(P. Mahet) 3:11
8-Valse marine
(A. Boulanger) 3:23
9-Quai Bourbon
(Dan Rabateaud) 2:20
10-La Farigoulette
(Jean-Luc Vitrant) 1:58
11-Le rêve de Jonas revisité (
P. Mahet) 4:16
12-L’automne à Peygros
(P. Mahet) 2:03
13-Sur ton chemin
(A. Boulanger) 4:12
14-La mort des arbres (P. Mahet) 2:34

Retour à la page d'accueil

LE PAYS BLEU

29 Août 2002. Cinq heures du matin. Je dois prendre l’avion pour me rendre aux obsèques de notre ami Antoine, à Nice. Je me demande s’il n’est pas inconvenant d’arriver là-bas les mains vides. Apporter des fleurs ? Rédiger un texte ? Une oraison ? Un éloge funèbre ? Pas le genre de la maison ! Alors, je me souviens que là, quelque part sur mes étagères, je dois posséder la voix d’Antoine. Traînant sur une bande magnétique. Au milieu d’une vieille compilation : Le Pays Bleu.

Le Pays Bleu ;? Un thème moteur. Un thème alibi pour aligner ensemble nos petites créations musicales datant du temps où l’on jouait encore aux bardes dans le Massif des Maures au cours des années soixante-dix. Encore un grand projet commun. Bancal. Jamais abouti. J’avais convié pas mal de monde pour ce rendez-vous musical. Peu sont passés me voir à Paris. Antoine, Dan, Jean-Luc... Et comme d’habitude ce travail ne fût jamais finalisé. Encore moins diffusé. L’ « à-quoi-bonisme » était une valeur en hausse dans ces années là. C’était trop ceci ou trop cela. Pas assez pro. Pas assez propre. Un mauvais son. Et tutti quanti. Et vingt ans sont passés là-dessus. Comme un mauvais coup de mistral.

J’ai donc fouillé dans mes archives musicales. J’ai retrouvé le Pays Bleu. J’ai mis la cassette dans ma poche. Et je suis parti pour Orly.
Dans l’après-midi, nous nous sommes rendus dans la montagne au-dessus de Nice. Avec les proches d’Antoine. Et aussi quelques-uns uns de ses derniers compagnons d’infortune, SDF en bout de course éthylique zonant dans les rues du vieux Nice. Nous avons dispersé les cendres de notre ami du haut d’un pont. Dans un petit vallon qu’il aimait bien. Et puis nous nous sommes quittés.
Dans la voiture qui me redescendait sur Nice, j’ai enfourné la cassette dans le lecteur. Le temps d’une brève résurrection.

Quelques jours plus tard, à Paris, encore marqué par ces événements, j’ai voulu savoir ce qu’était devenu notre vieux copain le guitariste Dan Rabateaud présent lui aussi sur cette cassette. Lui aussi avait cru à ce projet du Pays Bleu. Après nombreux coups de fil en cul de sac, plusieurs méprises avec des homonymes ou d’anciennes petites amies à lui reconverties en Madame Komilfo, j’ai fini par retrouver le numéro de sa vieille mère, à Autun, en Bourgogne. D’une voix émue, la pauvre femme nous a dit qu’elle n’avait eu aucun signe de vie de lui depuis plus de dix ans. Disparu. Sans laisser d’adresse. Dans le meilleur des cas, zonant quelque part en France. Ou bien ailleurs. Très, très loin de nous. Peut-être même déjà arrivé au Pays Bleu.