NOTES SUR LES CHANSONS D'ANTOINE BOULANGER :
C'est tout ce que j'ai pu récupéré des innombrables chansons d'Antoine. Il composait pour les uns ou pour les autres. La plupart du temps, chansons de circonstances. Fêtes. Anniversaire. Rencontres. Et surtout coups de colère. Des chansons vite faites. Vite offertes. Vite oubliées. Mais je me souviens d’une quinzaine de textes dactylographiés plus élaborés. A Paris, nous n'avons enregistré et arrangé que ces quatre morceaux...
Le reste traine quelquepart dans les nuages, fredonné par les anges...Pour les droits d'auteurs, troisiéme cumulus à droite...
LES TEXTES :
4-LA NUIT S'EFFONDRE SUR LA GREVE
(Antoine Boulanger)
Je ne me souviens plus du titre original. Antoine avait finalisé cette chanson aux Brugassières. Mais je pense que c’est à Palavas qu’il avait commencé à l’écrire. Du temps où il était marin-pêcheur. C’est la première chanson que nous ayons enregistré ensemble à Paris. J’ai retrouvé ça sur une vieille cassette pourrie. Je l’ai sauvé de justesse juste avant qu’elle ne rendent ses tripes magnétiques sur le parquet.
La nuit s’effondre sur la grève
Un ver luisant phospore au loin,
Fanal du bateau de mes rêves
Je pose mes lèvres sur tes reins
On carambole, hisse le grand foc
Dans ton atoll, j’me sens louphoque…
La-bas de gros nuages tendres,
Dans leurs moutons frôlent les cîmes,
Leçon d’Amour ? Mais qu’y comprendre,
C’est la fumée de nos usines
De molles vagues berce mon cœur,
Quelle marmelade, des fois j’ai peur,
La nuit étale son cirage,
Un goëlan blanchit l’obscur,
Est-ce l’annonce d’un orage ?
Mamie rentrons dans ces masures…
Litière marine, chanvre et filets
Broderie fine barrière sucrée
Petit matin, les chalutiers,
Rentrent au port le ventre plein
Avant qu’ils ne touchent le quai
Aurai-je su prendre ta main ?
Le soleil luit sur le canal
Nos rêves fuient journée banale…
6- QUAND UN BATEAU...
(Antoine Boulanger- Palavas)
Quand un bateau à l’horizon
Voit au loin scintiller la ville
Se déroute, c’est sur le pont
Agitation, état fébrile,
Pour se parer trouver sa place
Chercher l’alignement de la passe
Trouver sa voie, la prendre en chasse…
Quand un navire rentre au port
Dans l’eau bourbeuse du canal
Et que son étrave déflore
En frôlant les bouées du chenal
La houle qui se lève en cascade
Précipitant la cavalcade
Pour gagner l’anneau de sa rade…
Quand une esquif touche au quai
Les délices de la terre ferme
C’est qu’un voyage est consommé
Que le transport est à son terme
Et là il largue les amarres
Doucement mené à la barre
Corne de brume pour seule fanfare…
Quand un chaland est au mouillage
Entremelant sa jauge à l’eau
Bercé par un latant naufrage
C’est qu’il doit repartir bientôt
A la conquête d’autres lagunes
D’autres rivages, d’autres dunes
D’autres maritimes fortunes
Quand un bateau quitte le port
Dans la pénombre luit son fanal…
Et c’est toutes voiles dehors
Qu’il glisse fièrement royal
Vers les eaux claires de la baie
Où il s’en fonce, mâture dressée,
Cherchant d’autres eaux pour voguer…
Bateau, partir, hissez-haut tous ces désirs
Hissez haut, hissez haut toutes ces passions
Hissez haut…
8-VALSE MARINE
(Antoine Boulanger)
C’était un p’tit jour
Qui n’avait pas vraiment grande importance
Avec un petit matin noyé dans le silence
Embrumé dans le soleil et largué dans les toiles
J’ai rêvé des pluies de larmes
J’ai rêvé des pluies de feu
De plancton tout phosphoreux
Qui m’assiégeait sans réticence
Comme le sont les cités, la nuit
Par les brillances
Comme un piège-coquillage
Qui cajole un locataire
Lui fait rêver des langueurs,
Lui fait rêver des douceurs
D’océanes circonstances
Où l’on s’enfonce dans la nuit
Où pour y trouver sa voie
A en perdre la vie
Pour sécher ses pleurs au fond de la Grande Bleue
Pour croire à des plénitudes
Pour avoir des certitudes
Toutes chamoisées des bas, des hauts
Qui font les jours
Quand on aime à caresser le souvenir avec amour
Pour rêver les yeux ouverts, la main tendue
Et attraper une étoile
Et attraper une étoile…
13-SUR TON CHEMIN
(Antoine Boulanger)
Sur ton chemin
Mille traverses, mille trains
Qui sifflent en parcourant la nuit
Hullulement dans la noirceur,
Pousse ton cri, pousse ton cœur,
Sur les voies où sont les partances,
Et vers les sirènes avance !
Sur ton chemin,
Une myriade de lanterne,
De souvenirs à tire d’aile
Qui s’empilent dans ta mémoire,
L’assiègeant sans crier gare
En fredonnant d’un air félon :
Elle est à toi cette chanson…
Sur ton chemin,
Sors de tous ces sentier battus,
Pour anciens combattants vaincus
Qui s’entassent dans le terroir,
De décorum en illusoires
Franchie les passes, passe les crêtes
Choisie les routes de ta Quête…
Sur ton chemin
Que de passages, que de drains !
Où coule le fil du destin
Dans une rivière enchantée
Toujours prête à t’embarquer
Pour des destinations pimpantes
Pour des pays où les eaux chantent…
Sur ton chemin
Des aurores, des petits matins,
Qui se lèvent en chassant la nuit
Avec dans les yeux des ferveurs
Pousse ta vie, pousse ton cœur,
Sur les vois où sont les partances
Et vers les sirènes avance…