LLes pérégrinations musicales et souvent marécageuses de Pêrig Mahet

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Orgue de rue hollandais (straatorgel)

Carilloneur

Carton perforé de l'orgue de Barbarie.

Page d'écriture d'un séquenceur MIDI.

 

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ORPHEON POUR ORPHEE (Instrumental-PM Paris 1985)

NOTES :

Causons cloches ! La Hollande est le pays qui possède le plus grand nombre de carillons(de plus de 20 cloches). On en compte là-bas 182. La France, contrée pourtant beaucoup plus vaste n’en possède que 63 et la plupart dans le Nord-Pas de Calais, c'est-à-dire dans les anciennes zones de culture flamande. 

A présent, causons limonaire ! Pas de chiffres formels recensés dans ce domaine, mais là encore on peut affirmer sans risque que la Hollande détient le record du nombre d’orgues de rue, (la version grand format, multitimbrale et automatisée de l’orgue de barbarie, « straatorgel » en néerlandais). Chaque bourgade, chaque quartier possède le sien. Souvent de véritables chefs d’oeuvre ambulants, tant esthétiques que mécaniques. Toujours mobiles et tractables. Quelquefois encore tirés par des chevaux…

Maintenant imaginons que votre chambre soit placée à une distance équidistante du clocher ou s’exprime le carillonneur inspiré, et du coin de rue ou sévit le propriétaire du limonaire à roulettes local. Cela pourrait s’appeler la stéréophonie si les deux protagonistes s’étaient mis d’accord pour jouer le même morceau. Mais cela n’a jamais été le cas sous le ciel bas des Pays-Bas. Mon tympan a donc gardé une Image sonore désastreuse et déformée de la musique populaire du pays des polders. D’autant plus qu’un troisième élément paramusical surgi des profondeurs de la terre prenait le relais des deux autres dés que le jour tombait : les basses grasses et les coups de grosses caisses s’évaporant de la boite de nuit voisine

J’habitais à cette époque Breda. J’habitais ou plutôt je squattais. Bien que squatter n’est pas encore le mot qui convient puisque je payais un impôt probablement révolutionnaire à des séparatistes sud-moluquois pour avoir le droit de résider dans cet enfer de quelques mètres carrés. (Les Moluques du Sud sont une province cessessioniste de l’Indonésie).

Drapeau sud-molluquois

Republik Maluku Selatan

(Etat non reconnu)

Les sud-moluquois étaient très gentils. Ils écoutaient de la musique de Gamelan toute la sainte journée en fumant des herbes aux senteurs exotiques. Ils étaient très gentils tant qu’on payait. J’ai toujours payé ce qu’il fallait, tant que je suis resté.  Je ne sais pas ce qui m’a poussé à partir un jour précipitamment. Les cloches du carillon ? les « tzim tsoin tsoin » du limonaire ? Les infra-sons sourds de la boite de nuit d’en dessous... Ou bien cette petite forme courbe que j’avais cru repérer, dépassant d’une couverture, chez les sud-moluquois : le chargeur d’une kalachnikov.

Je fus en tout cas bien inspiré de déserter les lieux. J’ai appris peu après que les sud-moluquois en question avaient été suspectés de préparer un attentat lors de la visite du président indonésien au Pays-Bas et que d’autre part ils étaient vaguement impliqués dans la prise d’otage d’un train en rase campagne près de Beilen à côté de Rotterdam (56 otages, 2 morts).

C’est en travaillant la première fois sur un séquenceur MIDI que cette vieille histoire m’est revenue en mémoire. En effet, le mode d’écriture des différentes pistes musicales est directement inspiré des cartons perforés utilisés dans les orgues de barbarie.

Orphéon pour Orphée est un des nombreux morceaux écrits dans cet esprit limonaire et carillonesque. Et comme dans la légende d’Orphée, descendu aux enfers, il ne faut jamais se retourner pour pouvoir contempler celles et ceux qu’on a aimé. Si l’on veut, naturellement, que l’Amour perdure.

Cf Balade pour Nolwenn/Les montages russes/Le farfadet…