1-Lumière blanche dans la Grande Galerie
3-Supplique au Dieu Râ
5-Les Rois Mages y vont aussi
6-Et qu'en dit l'Architecte ?
(Instrumentaux PM- Paris 86-87)
NOTES :
Total Kheops !
Total Kheops. J’ignorais la signification de cette expression marseillaise un peu « caillera » total Kheops. Le bouquin trainait sur une chaise. Dans une maison amie prêtée pour les vacances. Total Kheops. Un polar. Tout vêtu de noir. Le bouquin m’attendait. Me provoquait. Total Kheops ? Comment ne pas y repenser ? C’était au début de l’été 1986. J’aurais pu inventer cette expression moi-même à cette époque. Peut-être l’ai-je même prononcé d’ailleurs ? Sans m’en rendre compte ? Après avoir lu le bouquin d’une seule traite, j’ai appris, que le terme voulait dire à peu près quelque chose comme le gros bordel, la déglingue totale, une situation inextricable…. Jean-Claude Izzo avait donné ce titre au premier tome de sa trilogie marseillaise (*), une série noire sur fond de cités des quartiers nord. Mais d’après les connaisseurs c’est le groupe de rap IAM qui avait popularisé au niveau local ce cri de désarroi dans une chanson du même nom.
Total Kheops. Oui, en été 1986 j’étais, nous étions, tous autour de moi, total Kheops. Sauf qu’en l’occurrence l’expression était à prendre au premier degré. Mon beau-frère, architecte lambda, menant jusque là une petite vie paisible dans la banlieue de Lille se retrouvait, après une série de péripéties qu’il serait trop long de résumer ici, au cœur même de la Grande Pyramide de Guizeh. Nous ne sommes plus dans un polar mais dans la célèbre bande dessinée de Blake et Mortimer. Mon beau-frère est en train de forer un trou au milieu de Grande Galerie. Appuyé par les équipes d’Edf. Du lourd. Du très lourd. Les résultats de gravitométrie ont été positifs. Il y a un grand vide juste derrière. Et d’après mon beau-frère, ce vide c’est la véritable chambre encore inviolée du Pharaon. Total Kheops. On est total Kheops. Un des plus grands mythes de l’histoire ancienne vient d’entrer par effraction dans notre petite vie quotidienne. Total Kheops. Mon beau-frère va-t-il rentrer dans l’histoire en étant celui qui a déjoué les ruses et contourné les leurres de ses collègues architectes d’il y a 4700 ans ? Total Kheops. Je suis, nous sommes, total Kheops.
Le premier épisode de cette aventure se terminera comme les trois petits points à la fin de cette phrase… Les trois forages autorisés par les autorités égyptiennes n’ont rien donné. Mais en 2004, la sortie d’un livre étayé par de solides arguments et défendu par d’éminents égyptologues donnera lieu à une polémique internationale sur le lieu réel ou supposé de la fameuse chambre secrète. Total Kheops, on vous dit. Et comme il est écrit dans les bas de page des feuilletons à rebondissement : A suivre.
La série de thèmes musicaux « pharaoniques » dont j’ai retrouvé quelques enregistrements.est évocatrice de cette époque épique.
Si on ne sait toujours pas grand-chose de la structure de la musique de l’Egypte ancienne, en revanche on en connait fort bien les instruments souvent représentés sur les fresques. Entre autre la harpe (remplacée ici par l’autoharpe), le sistre et la flûte double en roseau encore utilisée aujourd’hui sous le nom de zummura(et que j’utilise de manière symbolique dans l’un de ces morceaux). Dans l’ignorance donc, tout est permis. Même cette musique total Kheops. A prendre cette fois ci dans tous les sens du terme.
(*) Pour en revenir à la trilogie marseillaise de Jean-Claude Izzo, les deux autres titres sont « Chourmo » qui fait référence à l’esprit de la chiourme des anciens galériens et qui dans le contexte actuel est à rapprocher du chomdu, le chômage. Soleà, le troisième titre est bien connu des amateurs de flamenco puisque c’est le nom du compas à 12 temps (2 fois 3 temps et 3 fois 2 temps), la structure la plus classique de cette musique. J’ai longtemps cru que le mot Soleà faisait référence au soleil (Le dieu Rà des Egyptiens). Mais j’ai appris depuis peu que c’était une contraction du mot Soledad, la solitude.
Jean-Claude Izzo est mort le 26 janvier 2000 à Marseille. Un film a été tiré en 2002 de son bouquin. Mon beau-frère va très bien, merci, il continue ses recherches. Quant à Kheops il n’est pas encore ressuscité mais nous avons bon espoir.
DOCUMENTATION :

La chambre de Cheops. Gilles Dormion. Ed. Fayard
Instruments de l'Egypte ancienne :
http://www.bubastis.be/art/musique/music04.html