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Contrôleur lambda.

Anciens horairistes déçus.

Les voilà postulant sans conviction pour un hypothétique poste de contrôleur lambda.

Contrôleur lambda. Mais fermement

motivé pour un poste d'horairiste.

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Contrôle des billets...

Notes :

J’ai rencontré une fois un resquilleur professionnel. C’était dans la borie d’Indali, dans le Vaucluse. Ce gars, dont j’ai oublié le nom, connaissait tous les horaires de tous les trains circulant sans contrôleur dans la région sud de la France, et toutes les techniques permettant d’échapper au contrôle des billets, si, par malheur, une vérification aléatoire avait lieu sur un trajet non encore suffisamment rôdé. Un vrai pro de l’esquive. En fait un malade. Car l’énergie déployée et la somme de connaissances accumulées pour développer cette technique était probablement moins rentable et surtout beaucoup moins confortable au final que l’achat d’un bon vieux billet ou le paiement d’une amende symbolique qui de toute manière, vu son insolvabilité chronique serait passée sur les pertes et profits de la vénérable SNCF. La SNCF, qui entre nous, aurait du l’embaucher comme horairiste hautement qualifié vu sa technicité pour harmoniser ses trajets transversaux. Je lui ai d’ailleurs appris ce qu’était un horairiste car il n’avait jamais entendu prononcer ce mot réservé, il est vrai, à une corporation bien particulière de cheminot. Et, à ce jour, toujours absent, je crois, du dictionnaire.

En revanche, matière vocabulaire, si je me souviens également de ce personnage pittoresque, c’est parce que c’est la première fois que j’entendais quelqu’un prononcé l’expression « Baba cool ». Je me suis demandé si ce terme aujourd’hui couramment utilisé pour désigner toute une génération un peu déjanté et fumeuse de cannabis n’était pas née là. Dans sa bouche. Au pied des montagnes du Lubéron. Car en l’occurrence, les individus ainsi désignés étaient réellement des Babas, que l’on nomme également Sadhus, une obédience de l’Hindouisme, basée sur le renoncement total dans tous les domaines.

« Les babas cools ? C’est une véritable tribu, précise le resquilleur. Ils vivent en autarcie dans les collines juste au dessus d’ici. Ils s’enduisent de cendres de la tête au pied. Quelquefois j’en croise un qui se balade à poil au milieu du maquis avec un grand trident, comme sur les images de bondieuseries indiennes. Ils portent tous un gros chignon relevé sur haut du crâne. On dirait de la vieille laine, mais ce sont leurs cheveux qui ont séché. J’en ai même vu un qui portait un masque devant sa bouche pour éviter d’avaler les moucherons. Parce que chez eux c’est un crime de tuer les petites bêtes. Graves. Ils sont graves, ces mecs ! Mais ils ont le meilleur shit de la région. C’est sûr. Des connaisseurs. Ils mettent ça dans des chiloms gros comme des trompettes de cavalerie qu’ils entourent d’un foulard hindou. A chaque fois qu’il veulent tirer une taf, avant, ils lèvent leurs bardas vers le ciel en faisant tout un tas de simagrées».

Là-dessus, le « resquilleur » joint le geste à la parole et imite les babas dans leur cérémonial en se servant de sa cigarette roulée, déjà bien humidifiée par un machouillage en règle et de nombreux rallumages…

- Jessa chit hanan ! Cools, les mecs. Très cools ces baba !

Il fait une petite pause le temps d’expirer longuement la fumée de ses poumons.

- Mais jamais je ne prendrais le train avec eux. Trop voyants ! Beaucoup trop voyants ! conclut-il en vrai professionnel de la resquille.

 

Contrôle des billets...

(rap du resquilleur - Vaucluse 1979)

Le texte :

-Et vos tickets ?
-Je n’en n’ai qu’un ?
-Daté de quand ?
-Second décan !
-Acquis de qui ?
-De mon laquais !
-vous le planquez ?
…dans ma parka !
-Wagon de queue ?
-…vers la loco !
-Et vous vaquez ?
-Beaucoup d’à-coups
J’ai mal au cul !
-Vous vous moquez
Réglez le coût !
-Ca c’est OK
J’vous paye un coup !
-Vous provoquez ?
-En aucun cas !
-J’ai les nerfs qui
sont délicats !
-Bois du déca !
-Votre ticket
Ou doube coût !
-Oh, pas de coups
J’ai pas d’sécu !
-Je vais craquer,
Votre ticket !!!
-Y’en a des qui
Sont arnaqués
Voilà le quai !
Bye bye !