Les pérégrinations musicales et souvent marécageuses de Pêrig Mahet
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Jaquette de la cassette "Exodes"

Création originale Valérie Livory

Al djabal al Kilal (Le massif des Maures)

Une jarre et son contenu.

Exode (mai 1940)

 

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DJABAL AL KILAL

(PM-Instrumental- Plan de la Tour 1981)

NOTES :

Djabal al kilal c’était, dit-on, le nom arabe du Massif des Maures du temps où les Sarrazins occupaient la région. « Djabal », c’est la montagne. « Kilal », certains disent que ça veut dire la grande jarre. Le mot « Kil » nous auraient d’ailleurs laissé l’argot « kil ». (« un Kil de rouge, patron ! »). Cette étymologie est controversée. Mais moi, elle me convient parfaitement. Car dans les jarres on peut conserver beaucoup de choses. Du vin. Mais aussi de l’huile d’olive pour la cuisine ou l’onction. Et même des parchemins, comme on le verra plus bas.

Djabal al Kilal est une musique de caravane. Composée à la fin des années soixante dix. Pour aider à la traversée du désert. Les jarres sont lourdes à tranporter...

EXODES

NOTES :

En Mai 1940 commencent des temps de hauts bouleversements. Les panzers allemands traversent la Belgique (qui se croyait abritée derrière sa neutralité) et envahissent la France. Des milliers de pauvres gens fuient à travers le pays sous les bombardements aveugles de la Luftwaffe. Le mot Exode est prononcé. Je l’entendrais souvent dans la bouche de ma mère sans en réaliser alors la nature historique autant que douloureuse. Elle-même avait vécu cet évènement avec un nourrisson d’un mois dans les bras (en l’occurrence ma sœur ainée).

Cette décennie des années 40, j’y suis né. De justesse, il est vrai. Juin 1949. Juste six malheureux mois vécus dans cette période que l’on peut qualifier de biblique. Une résurgence. Un rappel. Un nouveau verset à écrire dans le Grand Livre. La Shoah, l’extermination de six millions de Juifs. Et plus tard, en 1948 la création de l’Etat d’Israël marquant le Grand Retour des survivants vers leur Terre Promise. Promise mais non déserte. La fin d'un Exode engendre le début d'un autre. Celui des Palestiniens. "Al Hijra al Filasteeny". Simultanément, en d’autres lieux, la création des états Indien et Pakistanais provoque de pathétiques échanges de populations d’une ampleur jamais égalée. Exodes. Toujours Exodes.

1940-1948. Entre ces deux dates, deux découvertes majeures : en 1947, un jeune berger découvre dans les grottes de Qumrâm, près de la Mer Morte, les plus anciens documents hébreux intertestamentaires connus à ce jour, dont une version complète du livre d’Isaïe. Dans des jarres.

Un peu plus tôt, en décembre 1945, un paysan de Nag Hammadi, en Haute Egypte avait lui aussi mis à jour d’autres jarres. Celles-là  contenaient les restes d’une bibliothèque gnostique. Des textes en langue copte datant du 2ème siècle, parmi lesquels l’Evangile de Marie, celui de Philippe (qui allait influencer les beaucoup plus tard les auteurs du Da Vinci Code)et surtout l’Evangile de Thomas. L’Evangile de Thomas, un texte lumineux et dénudé que certains exégètes n’hésiteront pas à considérer comme une traduction directe du fameux document Q (de l’allemand Quelle, la Source) : L’hypothétique matrice originelle où seraient venu s’abreuver les autres apôtres rédacteurs des quatre textes canoniques. Autrement dit, la première transcription des paroles de Jésus...

Exodes, Exils, Exutoires, Exaltation du retour…Chacun a des jarres à découvrir quelque part…

 

EXODES

(PM-Paris 1997)

LE TEXTE :

Aller sans mode,
C’est donc çà l’exil !
Allez cent mil,
C’est donc çà l’Exode…

Courir sans foi,
C’est donc çà l’exploit !
Allez sans dire,
C’est là qu’on expire !

Aller sans but,
Vers l’horizon borgne.
Aller sans borne,
Où la raison bute…

Les Gitans s’affairent
Au chevet des routes,

Les girouettes s’affûtent,
Au rugueux de l’air,

Les chameaux s’ébrouent
A l’orée du sable

Les Hébreux cheminent
Dans l’or du Sinaï…

Aller sentir le parfum qu’exhalent,
Cent mil jardins au bord du Jourdain…