Les pérégrinations musicales et souvent marécageuses de Pêrig Mahet
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Mihali Indali dit "Michel le Marionnetiste"

devant son castelet."

Sur les bord du Danube à Zebegeny (Hongrie 1976)

 

En forme d'Adieu : Le dernier dessin d'Indali, peu avant sa mort :

 

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Qu’est-ce qu’on foutait à Budapest ?

NOTES :

Oui, qu’est ce qu’on était parti foutre là-bas ? On était bien tranquille dans notre cabanon du Massif des Maures. Antoine , Dan et moi. On avait le potager juste devant nous. La vigne un peu plus bas. Et les ASSEDIC qui tombaient tous les mois pour payer le sel et le carburant de la 403 Diesel. Et le soleil gratos, en prime. Mais Mihali nous avait demandé de l’accompagner avec notre voiture. Lui et sa copine Vava. En train, c’était trop compliqué. Il ne pouvait pas entrer en Autriche. Il avait encore un statut d’apatride. Et puis il n’était pas très sûr de lui. De ce qu’il allait trouver là-bas. Depuis 1956 ça avait du changé. A cette époque il avait 17 ans. Il avait fuit les chars russes sur un petit vélo. Il n’était jamais revenu. Pour nous convaincre de participer à cette épopée, il nous avait prétendu qu’avec la 403 Diesel, il nous suffisait de faire le tour de son quartier natal pour avoir toutes les filles à nos genoux. Oui, il pensait çà. Je pense qu’on l’a accompagné pour ça. Pour qu’il accuse le choc en arrivant la bas. Devant les néons Coca-Cola et les limousines italiennes dernier cri des fils à papa de la nomenklatura.

QU’EST CE QU’ON FOUTAIT A BUDAPEST ?

(PM- Zebegeny Hongrie 1976)

LE TEXTE :

Qu’est-ce qu’on foutait à Budapest ?
Toi le Magyar marchant devant,
Le Danube avait de beaux restes
Mais ce n’était pas suffisant

On a récrit les feuilles mortes,
J’étais Prévert et toi Kosma,
Ma poésie était en short
Ce n’était plus tout à fait çà.

Et pourtant j’aime la ville,
Dans ses guenillons crasseux,
Dans ses acnés juvéniles
Laissées par les armes à feu…

De toute façon tout çà est flou
Ecrasé par le bruit des trams
Les gens qui triment ont mis au clou
Le souvenir des jours de flammes…

Qu’est ce qu’on foutait à Budapest
Dans ces salons un peu trop kitsch,
La bourgeoisie lâche du lest,
Parfois çà suinte un peu l’Autriche…

Et tous ces violons qui m’agrippent
A me faire pleurer le dollar…
Les tziganes étalent leurs fripes,
Sur les pelouses du pouvoir…

Et pourtant les nuits sont belles
Dans leur halo paprika
Cymbalums et violoncelles
Résistent aux balalaïkas…

De toute façon le Rock and Roll,
Ce vieux contrebandier saoul,
S’en contre-fout et batifole
Près de Buda sans garde-fou.

Qu’est ce qu’on foutait à Budapest,
Sous les néons Coca-Cola,
Dans le cyrillique qui peste,
Ici et là, comme un « holà ! »

Et ce rideau qu’on croit de fer
Ton hongrois qui se fait ridé
Toi qui roule toujours les « r »
En braillant Brassens ou Ferré

Et la culture de Belleville
Et celle de Ferencvaros,
Sous les effets de l’exil
Se culbutent dans tes valoches…

De toute façon on est des barges,
On a le bivouac sur la marge,
Et leurs frontières on se les fout
A la décharge !

De toute façon on est des barges,
On a le bivouac sur la marge,
Et leurs Etats
On se les fout
A la décharge !

(A Michel Indali)