Les pérégrinations musicales et souvent marécageuses de Pêrig Mahet
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Au 2 Quai de la Rapée (1969)

C’est à peu près à l’emplacement actuel du bureau  du Ministre des Finances

(au mur, on aperçoit un tableau de Gérard Lecomte, peintre tropézien devenu depuis Grand MaÎtre Za-Zen)

Photo rescapée du déluge

Face au 2 Quai de la Rapée

(fin des années 60)

Mes propriétaires, des hommes-grenouilles, habitaient cette société flottante. Ils ont mis plus d'un an pour remonter à la surface et réclamer le loyer de ma chambre. Mais j'avais déjà plongé en apnée profonde vers le Grand Sud.

Le 2 quai de la Rapée aujourd'hui.

(Un immeuble bien connu des contribuables français)

Seul l'ancien batiment d'octroi des Fermiers Généraux (à droite sur la photo du haut, à gauche sur celle du bas) a survécu.

 

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Madame du bord de Seine (Paris 1969)

NOTES :

Madame du bord de Seine a vraiment existé. Je n’ai jamais su son vrai nom. Elle était encore jeune. Mais déjà beaucoup déglinguée. Elle traînait sur le quai de la Rapée. A cette époque, il y avait encore des grues pour décharger les grumes sur le port de Bercy. Madame du bord de Seine fumait de grosses cigarettes jaunes. Des Boyards papier maïs, je crois. Je l’apercevais souvent de ma fenêtre le matin. J’habitais juste à l’emplacement du Ministère des Finances actuel. Un jour je ne l’ai plus revue. La concierge borgne m’a dit un soir qu’une femme s’était jeté dans la Seine, du haut du Pont d’Austerlitz. Une paumée qui traînait quelquefois dans l’un des deux bistrots qui encadraient notre immeuble. Mais la concierge, elle même, buvait beaucoup. Alors, allez savoir la vérité vraie !

Madame du bord de Seine (Paris 1969)

Le texte :

Les chalands Nonchalants Narguent les quais Ou s’amassent tes rêves,

Près des grues Qui ont cru Que le ciel gris Etait à décharger en vrac

Madame du bord de Seine Dans le matin, S’en va jusqu’au Jardin d’Eden
Un drôle de mégot à la main

Dame ! Voilà Paris qui s’affole, dis ! Dame ! Notre-Dame a la vérole, dis !
Dame ! v’l’à la rue qui devient molle, dis moi donc !

Le métro Qui met trop De temps à sortir De son antre puante…
Les autos qui sautent au Feux qui verdissent Autant de monstres à laper ta vie

Madame du bord de Seine Dans le matin, S’en va jusqu’au Jardin d’Eden
Mélange haschich et tabac brun…

Dame ! tu va pointer en retard, dis ! Dame ! surtout qu’Martin est un mouchard, dis !
Dame ! i’ va caf’ter à « boule de billard », dis ! Dame ! que tu fréquente les clochards, dis !
Dame ! faut met’ de l’eau dans ton pinard, dis !
Dame ! Marrakech c’est pas Vaugirard, dis moi donc !
Dame ! le désert s’agrandit, dis !
Dame ! le chameau le taxi, dis !
Dame ! le bistro, l’oasis, dis moi donc !
Le temps passe, Et t’en passe Des ponts qui écartent Leurs cuisses crasseuses,
Le néon d’chez Léon Fait clignoter Ton unique épitaphe.
Et Paris S’appareille Et puis décolle Loin des eaux Qui te boivent…

Madame du bord de Seine Dans le matin, S’en va jusqu’au Jardin d’Eden
Et son mégot navigue Jusqu’à Valparaiso…