Les pérégrinations musicales et souvent marécageuses de Pêrig Mahet
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 Camino de Santiago

(Province de Leon  1980)

Une naissance en direct : Je m’étais arrêté pour casser la croûte près d’une brebis et de son petit. Le temps de faire cuire mes nouilles, je me retourne. Il y avait un petit agneau en plus. Je me disais bien qu’elle bêlait d’une drôle de manière, cette brebis.

 

Signe de mort sur le Camino : Une vieille habitude des chasseurs espagnols d’accrocher des carcasses d’animaux ur les panneaux de chasse réservée.

 

 

Prise de la Castille.

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Dame dans l’œil L’homme qui marche L’ami Jacquot

NOTES :

Non, je n’ai pas écrit ces chansons en marchant sur le Camino Real. Mais c’est tout de même là qu’elles sont nées. Marcher c’est bien, mais ça n'occupe pas la tête à plein temps. Il y a des mots-clés qui viennent. Qui montent en pression. Qui s’engrangent. Il y a des musiques qui viennent en bouche.

LES TEXTES :

Dame dans l’œil (PM-Camino de Santiago 1980)

Dame dans l’œil,
Deuil dans l’âme,
La saison s’entame.
Ta maison sent tisane et tisons.
J’ai mis mon fer à forger, chaud,
Entre l’enclume et le marteau.

Dame dans l’œil,
Deuil dans l’âme,
La saison s’enflamme.
S’enfle à déraison l’ombre des arbres.
J’ai fort gémis à faire un choix,
Entre l’amertume et l’enclos.

Dame dans l’œil,
Deuil dans l’âme,
La saison me damne.
D’année en année, ma vie s’évide.
J’ai mis ma main dans ses cheveux...
Mais mon vœu est dans ce chemin.

L’homme qui marche (PM-Camino de Santiago 1980)

Peu à peu je m’attelle Aux battements de talons,
Peu à peu je martèle Le bitume et le talus
De mon bâton bâtard De batailleur d’ailleurs.

Les oiseaux sont mortels Dans le grand soir de satin
Les martinets s’emmêlent Dans le jade des jardins
Et se noient dans le noir Jusqu’aux matins de moire.

Et tout à coup le sol se fêle Et les cantiques d’un sabbat
S’abattent en gerbe Dans la pinède

Et ca claque sur l’étang ! C’est un cygne qui s’est envolé…
Et ça cligne dans les flaques ! Le pays s’est encore délavé…
Et je m’englue dans la salive De la chaussée qui déglutie
Me laisse aller dans la chaux-vive Du petit jour qui me digère…

On prend la route comme on prend une femme
Un soir de gros cafard
On croit déjà tout savoir de son corps
Aux contours banlieusards

Mais quand la fille aux yeux fardées de lune
Se déshabille
Elle vous envoûte
La Route !

L’ami Jacquot (PM-Camino de Santiago 1980)

L’ami Jacquot a mis Son paletot sur son dos C’est qu’il y fait pas si chaud Au pays où il m’emmène…Y du crachin ! ! ! Crache au Diable ! Y du crachin ! ! ! Il n’y a plus de chemin ! Et la montagne nous fait le gros dos Et nous accueille au seuil Du maquis…

L’ami Jacquot a pris Son jargon de sorcier C’est qu’il y fait un peu noir Au pays où il m’emmène… Un farfadet ! ! ! T’es fada Un feu-follet ! ! ! Il n’y a plus de ténèbres Et la montagne nous danse la gigue Gigotant ses figuiers fatigués…

L’ami Jacquot a pris Son bâton de sourcier L’a pointé vers les étoiles Le pays où il m’emmène… La Voix Lactée On va la traire L’encoquiller Jusqu’aux côtes de Galice Et la montagne nous fait la lippe En fronçant tous ses schistes Au Levant…