Les pérégrinations musicales et souvent marécageuses de Pêrig Mahet
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Philippe Baiocchi à l’accordéon
Manche au Ponte Romano (Plan de la Tour 83)
Photo prise par un client

Accordéons lacrymogènes,

(PM -Epinac les Mines 1977)

LE TEXTE :

Accordéons lacrymogènes,
Sam’di soir,
Y’a bien du monde chez Gégène,
Robes acryliques et costards.

Accoutrements hallucinogènes
Dans le noir,
Trois jeunes godelureaux sans gène
Se font tourner un pétard.
Un pétard.

Tiens, voilà l’Orient,
Qui déménage sur le Morvan,
Son épais nuage sort du néant
Et moi dedans je fous le camp…
Tidididi, tidididi…

L’échantillon d’énergumène
Du comptoir,
A l’auréole qui traîne.
C’est pas des gourous notoires.

Le Chablis contre le Chilom
Reste à voir.
Je prends part au critérium.
Ca finit dans la bagarre.
La bagarre.

Tiens le Gange s’est
Teinté de sang rouge limé
En traversant la Saône-et-Loire
Drôle de temps, drôle d’histoire.
Tidididi, tidididi…

Et la java m’fout la migraine,
Il est tard.
Une fille dans encore,
Elle a le diable dans le corps
Dans le corps.

Le jaja finit ses hommes
D’un soir.
La tribu prend son Valium.
Et moi je suis dans l’coltar
Le coltar.

Tiens, voilà Dimanche
Qui fait briller le verre brisé,
La rosée blanche
Et puis m’arrache son soleil de l’Orient.
Tidididi, tidididi…


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Accordéons lacrymogène (Epinac les Mines/paris 1977)

NOTES :

Dan Rabataud m’avait présenté un jour un bon copain à lui: Jeannot Labonde. Il était d’Epinac les Mines, une charmante bourgade des confins du Morvan. Ses parents étaient propriétaires d’un bistrot à la sortie du village. Ce vaste établissement faisait également office de taxi-ambulance-épicerie-coiffeur-et poste restante parallèle. Le père de Jeannot était toujours rivé derrière la caisse. Il n’en bougeait pas de la journée. Et pour cause, il était cul de jatte. C’est sa sœur qui était tenait le bar. Avec autorité. Jeannot lui, était responsable de l’arrière boutique nommée pompeusement « salon de Coiffure ». Comme ses clients de vieux morvandiaux avec trois poils sous leurs casquettes- n’arrivaient pas à lui meubler son emploi du temps de manière conséquente, il avait aménagé un studio de répétition dans un grand local juste derrière le café. Car tous les samedi soir il fallait assurer le baluche dans un village du coin. Ses camarades musicos n’étaient pas très couleur locale. Des freaks pure race. Cheveux tombant sur les épaules. Pour assurer les musettes et les pasodobles, ils avaient embauché un vieil accordéoniste local qu’ils avaient converti à la fumette du joint. De temps en temps les répétitions (à forte tendance hard-rock heavy metal) étaient interrompus par la voix poissarde de la sœur de Jeannot qui venait gueuler par la fenêtre : « Jeannot une coupe ! ». Jeannot abandonnait alors son piano électrique pour empoigner sa tondeuse. Et partait tonsurer un vieux morvandiau dans son salon de coiffure

Il m’est arrivé une fois de jouer un samedi soir avec Jeannot et son équipe dans un de ses baluches. De la scène, vue imprenable : Au beau milieu de la soirée, la population de la salle des fêtes s’est divisée en trois groupes humains bien distincts. Il y avait ceux qui dansaient. Ceux qui écoutaient les musiciens près de l’estrade. Et entre les deux, un espace moins dense réservé à ceux qui se battaient. Jeannot m’a dis que tout çà était très normal. Qu’il ne fallait pas que je m’inquiète. Même si quelques cannettes de bière vides voltigeaient sur scène. Pour me rassurer il est parti chercher un casque de pompier. Et en a coiffé le vieil accordéoniste en plein descente chromatique sur « Perles de cristal », un tube d’Yvette Horner. Par la même occasion, il lui a calé un gros joint dans le bec.

Je ne sais ce qu’est devenu Jeannot Labonde. Dans sa région, on le disait « protégé » et appartenant à une famille de jeteurs de sort. On disait même qu’il ne fallait pas trop le taquiner. Que son oncle, décédé récemment s’était fait enterré dans un linceul rouge. D’ailleurs, une fois j’ai vu Jeannot se fâcher gravement contre un emmerdeur. Y-a-t-il eu rapport de cause à effet, toujours est-il que le lampion chinois de la pièce dans laquelle nous étions a soudain pris feu et s’est déroulé en tournoyant… L’emmerdeur est parti sans demander son reste.