10 RETROUVAILLES
D’abord des Retrouvailles ! Pour se retrouver il fallait donc s’être perdus ? De vue ? De toucher ? Ou bien d’oreille ?
Il aura donc fallut que de bons amis se dissolvent. Amis, déjà aux portes de l’oubli ? Des uns il ne me restait que des voix. Echouées dans des écheveaux de vieilles bandes magnétiques. Des autres quelques chorus de guitare sublimes enchâssés sur quelque cassette bon marché. Ici et là, un ADN sonore incertain...
Il aura donc fallut çà ! Pour que je me retourne enfin. Pour m’en aller fouir dans les tiroirs poussiéreux. Récupérer cette matière musicale inerte. Beaucoup de brouillon. Beaucoup de brouillard, là dedans, c’est vrai. De l’hétéroclite. De l’éclaté et du ténébreux. Mais aussi parfois de la chanson qui dit. Et de la note qui donne. Une production brute. Souvent distillée dans l’alambic de la solitude. Parfois née des associations furtives à Ut non lucratif : Amigos et desperados aux dons inassouvis. Sécrétant le temps d’un accord intense, tout l’amidon nécessaire pour maintenir encore debout les vieilles utopies salvatrices...
Trier tout çà ! Fresques bibliques et mégalos, en attente d’Apocalypse… Humeurs du petit jour en pentatonique…Textes d’extase et duels gratuits de doubles-croches…Cartes postales en fa bécarre…Carnets de route un petit quart de ton trop bas… Ca pique ! Ca grince ! Ca gratte souvent, c’est vrai ! Ca date d’un temps où le son n’était pas primordial. Remixer les maximes dans l’inévitable binaire du numérique. Retrouver le fil de la trame. Et retravailler un peu dans les trous. Autant que faire se peut ! Avant que le Feu ne se perde ! Extraire le soupir qui sonne juste. Juste avant que la voix n’expire. Traire le pis de ces Voies Lactées qui nous hantent lorsque les nuits qui viennent s’avèrent sans Lune. Mettre le tout en baratte. Et baratter très fort. Pétrir encore à la main ce magma de baragouin. Laisser reposer. Le temps qu’il faut pour que la pâte enfin lève !
Enfin, s’étaler tout çà sur de belles galettes de CD argentées. Goûter. Partager. Partager surtout.
Retrouvailles ? Un devoir du cœur ! Salut, amis que vent rapporte !
Et au-delà des Retrouvailles ? Le « Vaille que vaille !». Continuez sur la route ainsi tracée. Se faire fagotier. Tout ramasser. De l’Inde aux Landes. Et de l’Andalousie à l’Ouzbékistan. Tant qu’on peut.
Et après avoir tant fagots citer, en faire grand brasier. Poêle aux pieds !
