L'ITINERAIRE AMBIGU DE SHOZDU
(Suite Instrumentale -PM - Paris 1995 )
NOTES :
Je me souviens de ma grand’mère qui était couturière de métier. Couturière à l’ancienne. La reine du raccommodage. Elle avait plusieurs boites à chaussure dans lesquelles s’entassaient des bouts d’étoffes et de vieux boutons, glissières, brandebourgs et passements récupérés ça et là. Sa réserve personnelle. Son trésor de guerre. Lorsqu’on lui présentait un accroc dans un pantalon ou une chemise, trop important pour être traité par une simple reprise, elle faisait descendre ses lunettes à double foyer le long de son nez, aiguisait son regard et fouillait dans ses boites pour trouver "LA" pièce parfaite et forcément unique (couleur, texture, taille), pour combler le trou laissé béant.
Cette image m’est revenue en mémoire en fouillant également dans une boite à chaussure où s’entassaient des cassettes multicolores. Le plus souvent des ébauches musicales. Des bribes. Des esquisses pour « faire genre ». Je suis d’abord parti en quête, comme ma grand’mère, de la pièce ad’hoc pour boucher un trou dans une mélodie jugée trop fade. (Encore un truc pour nourrir ce salopard de shozdu !) Et puis je me suis dit «Pourquoi ne pas coudre tout ça ensemble. Je lui confectionne un vieux patchwork de babos à ce scélérat de Shozdu. Et je l’habille une fois pour toute ! Pour qu’il me foute enfin la Paix !"
Voici donc l’objet fini. Un voyage incongru. Rafistolé. La partie finale, mal cousue s’est même détaché du reste de la péninsule. Pour former une île. L'île aux milles bonheurs.
L'ILE AUX MILLES BONHEURS
(Suite Instrumentale -PM - Paris 1995 )
Lorsque j’ai bidouillé ce morceau en pentatonique asiatique (sur une cassette encore plus pourrie que les autres), il y avait sur la fin de la bande, l’interférence d’une de mes musiques enregistrées qui passait à l’envers sur l’autre face. Par miracle c’était dans le même ton. Je l’ai gardé tel quelle. Considérant que c’était là le millième bonheur.
Des paroles sont venues beaucoup plus tard habiller cette mélodie lorsque j'ai découvert que l'île au milles bonheurs existait vraiment. Du côté de la Porte d'Ivry .(cf CD 11)
Petit lexique : « Sa, Ri, Ga, Ma, Pa, Dha, Ni », ça peut se traduire grosso modo par « Do, Ré, Mi, Fa, Sol , La, Si » en mode hindoustani. Quant à « egy, ketö, harom, vagy, höt, hat, het… », c’est la manière de compter jusqu’à 7 chez nos amis hongrois. « Libertatea », la liberté clamée par les roumains dans les rues de Bucarest lorsqu’ils se sont débarrassé de Ceaucescu.
