Les pérégrinations musicales et souvent marécageuses de Pêrig Mahet
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(Illustration J.M. Garachon)

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BERCY BLUES

NOTES :

Bercy, c’était mon berceau. Du temps où ça sentait le pinard. Les plus grands entrepôts de vin du monde. Bercy, c’était une ville close. Que l’on traversait tous les jours pour aller à l’école Pommard. On en connaissait tous les recoins. On avait nos planques dans des bâtiments désaffectés, nos châteaux-forts au milieu des barriques. On pouvait jouer à d’Artagnan dans un décor plus vrai que vrai. Un morceau de Paris du XVIII ème siècle. Avec des écuries. De vrais chevaux. Et des clochards sublimes. Aujourd’hui, c’est un quartier branché. Salles Multiplex. Magasins de fringues et de déco high-tech.

Plus chez moi, en tous cas. !

Retour dans les entrepots,

fin des années 70

BERCY BLUES

LE TEXTE :

Y’ avait des cours et des venelles,
Un paradis pour nos marelles.
Les arbres étaient si alcoolos
Qu’ils se vautraient sur les tonneaux.

Tout était recouvert de lie,
Les clodos y trouvaient un lit,
Restait toujours une barrique
Pour dormir à l’abri des flics

Il n’y a plus de feuilles aux arbres de Bercy,
Et pourtant ce n’est pas l’hiver…
Le fil des rues n’a pas la forme du berceau
Tout a fondu dans l’caniveau.

Notre école c’était rue Pommard,
Rue Chambertin c’était not’square,
Comment veux tu au milieu d’çà
Avoir du goût pour la Badoit.

Et sur la place Lachambaudie ,
Coincée entre les deux Bercy,
A Notre-Dame des Cyrrhoses,
Dans l’Ciboire, ils foutaient la dose.

Il n’y a plus de feuilles aux arbres de Bercy,
Et pourtant ce n’est pas l’hiver…
Le fil des rues n’a pas la forme du berceau
Tout a fondu dans l’caniveau.

Et puis tous ces wagons-citernes,
Tout dégoulinant de Sauternes,
Ramenant l’Midi dans leurs poitrails
En nous faisant hurler les rails.

Aujourd’hui y’a les bulldozers,
Qui foutent mon enfance en l’air
On pouvait pas garder d’ulcères,
Dans le Paris des tours de verre.

Il n’y a plus de feuilles aux arbres de Bercy,
Et pourtant ce n’est pas l’hiver…
Le fil des rues n’a pas la forme du berceau
Tout a fondu dans l’caniveau.

(PM-Paris 1986)