Les pérégrinations musicales et souvent marécageuses de Pêrig Mahetg
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Escargot conquérant la Normandie.

Normand roux.

(immitant l'escargot ?)

 

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L'ESCARGOT

NOTES :

Un soir d'été. Dans le fond d’un restaurant où nous avions fait la manche, nous nous sommes attablés, pour compter, comme à l’accoutumé, la recette récoltée dans la soirée. En l’occurrence piteuse.

C’est alors qu’un homme fortement éméché vient s’assoir à notre table. L’individu, à la chevelure plus rousse qu’une carotte vergogneuse, nous demande d’emblé si nous sommes Normands. Car dans notre dernière chanson, l’escargot, nous citons la ville de Louviers.

Nous lui avouons bien sûr, que nous ignorons à peu près tout de cette bourgade de l’Eure et que, notre chanson fait seulement référence à une cette fameuse comptine enfantine  traditionnelle où il est question d’un cantonnier.

L’homme, rassuré par le fait que nous ne soyons pas originaires du Pays du Camembert bien fait, nous raconte alors qu’une étrange coutume avait encore lieu dans sa région natale. Dans son village, nous dit-il, les gens changent de trottoir dés qu’il le croise. Parce qu’il est roux. Et que les roux, il faut mieux les éviter. Ils apportent le mal et la désolation. Jamais quelqu’un ne laisserait un de ses enfants épouser un roux ou une rousse. D’ailleurs les roux auraient, selon eux, une odeur particulière. Pas catholique. Un défaut de fabrication. Une engeance bâtarde, roussie aux feux de l’enfer. Les Roux ? Un semis de diablotins, jeté par Satan dans la population des braves gens. Pour la corrompre…

Cette forme de discrimination avait apparemment fortement perturbé notre interlocuteur. Au point que pendant son adolescence, il s’était fait teindre les cheveux en brun. Mais rien n’y avait fait. Ses tâches de rousseur le trahissaient et ne faisaient qu’augmenter la méfiance des villageois qui le considérait dés lors comme un agent double. Un traitre à sa race. Pas fiable pour deux sous.  

Cette coutume, nous déclare-t-il, remontait aux invasions normandes. D’un temps où les deux populations avaient du mal à cohabiter. D’un côté les hommes du Nord, les « Nord men » (dont apparemment la majorité était pourvu d’une abondante chevelure de la couleur des feuilles mortes) et de l’autre les autochtones probablement bruns. Un certain obscurantisme paysan entretenu par l’alcoolisme et les racontars soutenus des commères avaient entretenu cette légende encore vivace dans les campagnes.

Satisfait de s’être ainsi exprimé et soulagé des ses angoisses, notre homme nous a payé une tournée de bière. Nous nous sommes bien gardés de commander des bières rousses. On ne sait jamais. Ca aurait pu nous porter malheur. Et avec ces voleurs de Vikings, mieux vaut se méfier. L’animal aurait pu profiter d’une diversion pour razzier notre monnaie largement étalée sur la table.


L'ESCARGOT

(PM - Paris 1971)

LE TEXTE :

Sur la route de Louviers,
Je n’ai pas vu de contonnier
Mais j’ai vu un escargot
Qui portait son sac à dos
En allant vers la rivière

En arborant une banière

Eh, l’escagot ! Où t’en vas-tu si vite ?
Eh, l’escagot ! Où t’en vas-tu si tôt ?
Où t’en vas-tu si tôt ?

Je m’en vais pour les croisades
Délivrer la sainte salade,
Que la limace païenne
A duement déclaré sienne
Je vais la mettre au supplice
Cette bête dévastatrice…

Eh, l’escagot ! Ne t’en vas pas si vite ?
Eh, l’escagot ! Ne t’en vas pas si tôt ?
Ne t’en vas pas si tôt ?

Le gastéropode fougueux
Suant de la tête à la queue
Galopait vers le potager
Quand soudain il fût écrasé
Par lepied d’un cantonnier
De la route de Louviers…

Eh, l’escagot ! Tu n’iras plus bien vite !
Eh, l’escagot ! Tu n’iras plus bien haut !
Tu n’iras plus bien haut !

Cantonnier tu n’es qu’un gredin
C’te bestiau était mon frangin
Tu viens de tuer le fils d’Atlas
Le monde étatit dans sa besace
Je vais raper ton Macadam
De Louviers jusqu’à Pont-aux Dames…

Moi, l’escargot, j’irai très très très vite !
Moi, l’escargot, j’irai très très très haut !
J’irai très très très haut !