LLes pérégrinations musicales et souvent marécageuses de Pêrig Mahet

Contact: perigstyle@free.fr

Gwenn ha du

 

Nolwenn

 

Retour à la page précédente

 

 

4-Saint-Michel en grève (P.Thomas-F.Joury)
5-Première suite de kas-a-barzh (Trad. Breton)
7-Andro kentañ (Trad. Breton)
8-L'île bleue (Trad. Irlandais)
10-Scottish duPays de Retz (Trad breton)
15-Andro diwezhan (Trad. Breton)
16-Seconde suite de kas-a-barzh (Trad. Breton)

(Avec Nolwenn Mahet à l'accordéon diatonique)

NOTES :

ETRE A L’OUEST

Il fallait être un peu à l’Ouest pour jouer ces morceaux.

Etre à l’Ouest ? Cette expression populaire viendrait de l’anglais « to go west » qui signifiait autrefois être pendu. Et par extension passer l’arme à gauche. En traversant la Manche,(donc en allant vers l’est), cette expression aurait perdu naturellement de son intensité. Aujourd’hui, être à l’Ouest c’est avoir la tête ailleurs, être décalé dans un état anormal.

Mais j’ai pu constater à maintes reprises, dans mon entourage professionnel, que lorsque cette phrase était prononcée dans une discussion par quelqu’un affichant en même temps un petit sourire énigmatique et un air de connivence, il était fort à parier que l’on avait à faire à un têtu de Breton. L’expression pouvait alors se traduire par : « N’insistez pas, il y a quelque chose de moi qui est resté coincé là-bas ! Il n’y a rien à faire, c’est dans le logiciel, et toute logique cartésienne ou binaire ne saurait me convaincre ! ».

J’ai surpris plusieurs fois ma fille Nolwenn en flagrant délit de bretonnerie aigüe. Enfermée dans sa chambre. A écouter une âpre musique de couple de sonneurs(biniou-bombarde). S’imprégner du thème porteur avant de pouvoir le rejouer dans le même esprit sur son accordéon diatonique. Entre nous, je crois que quelqu’un qui peut supporter le son aigrelet du biniou kozh est incurablement à l’Ouest. Et probablement irrécupérable pour la consommation de musique techno. Je me suis alors posé la question suivante : Quelle ration de neurones, chez nous, avait conservé cette sensibilté particulière, et surtout pourquoi ? Certes, côté paternel, une tribu avait essaimé vers la Sarthe, la Mayenne, et probablement au-delà du Couesnon. Mais rien d’affirmatif. Rien de formel. Rien que du dilué. Une généalogie avec des culs de sacs. Des filles mères et des enfants loups. Probablement des bagnards et des princes de sang. Comme dans toutes les familles françaises dites « de souche » lorsque l’on remonte les escaliers du temps des aïeux. Une démultiplication exponentielle. Une gigantesque pyramide inversée dont nous formons la pointe. Et à l'autre bout d'une autre pyramide, celle de l'humanité, un même Père probablement indigne. Et une mère au moins Samaritaine, assise près d'une fontaine, pour lui offir un peu d'eau. Et plus si affinité.

Et puis je me suis souvenu de cette histoire juive où deux compères qui se nommaient probablement Isaac et Moshe discutaient à la manière enflammée des talmudistes sur la délicate question de la transmission de la judaïté. Isaac prétendait que la judaïté arrivait avec le sang de la mère. Moshe, lui, prétendait que seule la semence du père pouvait amener les gênes d’un authentique Juif. A bout d’arguments, ils décidèrent d’un commun accord d’aller voir le rabbin. Lequel leur fit cette réponse stupéfiante : « ;Vous avez tous les deux tort. La judaïté se transmet par vos enfants ! ». Voilà donc une réponse parfaite à toute forme de transmission culturelle. Si je suis breton, c’est  par ma fille. Au-delà des légendes rabibochées qui fondent les familles les nations et les religions, on peut trouver la clé du passé dans l’avenir. De même que l’Universel n’est nullement contredit par l’Identitaire. Ni la Création par la Tradition. Complémentarité du Yin et du yang. Du blanc et du noir (du « Gwenn ha du » dans la langue d'Armorique).