Le jour s'en va !
NOTES :
Quinze ans plus tard, passée la frontière pyrénéenne, l’Espagne est toujours là, arrogante. Avant de repartir de Pampelune, dans la salle d’attente d’une gare routière une vieille gitane au visage buriné est assise un peu à l’écart. Soudain elle se lève. Et chante. Sans se préoccuper des autres voyageurs. Son regard est brûlant. Ses mains levées vers le ciel. Sa voix extirpe des mots douloureux. Un coup de talon vengeur marque sporadiquement les temps forts du rythme de Soleïa. Communion.
Le jour s'en va !
(PM-Camino 1980 & Paris 1997)
LE TEXTE :
Nous voici, franchie la frontière
Entrons dans des contrés contraires
L’Espagne prend ses couleurs safran
Le jour s’en va
La route est là
Claire
Tu connais le pouvoir des pierres
Le poids des ombres et des lumières
Le cri du soleil aux aboies
Le jour s’en va
Et nous allons
Là...
Les chiens de haine se sont calmés
On entend plus leurs aboiements
Il faudra croire que nos prières
Les auront chassés loin
Derrière la frontière...
Nous croisons la première gitane
Un seul regard de pyromane
Et tout est dit pour dix mille ans
Le jour s’en va
Pissant le sang
A l’Ouest
Tu reconnais Etchegarray
Les Saint-Christophe de la mitraille
Les funambules du borderline
Ils sont tous là
Pour t’accueillir
Toi
C'est l'heure bénie pour les fuyards,
Pour les oiseaux d’entre-deux-mondes
Tout le long des chemins de ronde
De grands échassiers narguent
Les gardes-frontières
A trop se traîner dans les astres
L’Espagne a pris l’odeur du lait
Et çà fermente sur le cadastre
La Voie Lactée
S’est imprimée
Là...
Entre ces chiens qui nous oublient
Et cette Louve qui nous attend
Reste le temps de cheminer
Jusqu’à l’Océan
Libre de toute frontière...